Tabac et allaitement maternel: « Puis-je allaiter si je fume? »
Beaucoup de futures mamans se posent cette question: « Tabac et allaitement maternel sont-ils compatibles? » Et vous êtes plus nombreuses que vous ne le pensez !
La grossesse a peut être été l’occasion d’arrêter de fumer ou de diminuer votre consommation mais vous envisagez peut être mal de tenir ce cap au delà de votre grossesse.
Dans cette perspective, vous vous dites : « Pourquoi allaiter ? La question ne se pose même pas, ce n’est surement pas compatible ! »
Et moi de vous dire : « PAS SI VITE »
Intriguée ? Lisez la suite…
Sans morale, ni langue de bois, et au risque de vous surprendre je vous offre dans cet article une information au plus proche des données scientifiques actuelles.
« Dois-je renoncer à allaiter si je fume ? »
Je réponds sans détour à la question et vous propose des solutions concrètes pour répondre à votre problématique.
Tabac et allaitement: Les effets sur la lactation
Premièrement, il faut savoir que le tabac (et notamment la nicotine) influe sur les hormones de la lactation.
La nicotine à pour premier effet de baisser les taux de prolactine (L’hormone qui produit le lait). Le lait est donc produit en moins grande quantité que si l’on ne fume pas.
Il faut savoir aussi que le lait est moins gras. Il n’en reste pas moins nourrissant pour autant. Il conserve de bonnes quantités de sucres et de protéines, utiles à la croissance de votre bébé. Et surtout il conserve ses propriétés immunologiques incomparables !
Deuxièmement, la nicotine à tendance à perturber l’action de l’ocytocine. (Hormone de l’éjection du lait). On constate avec la consommation de tabac, une baisse du réflexe d’éjection du lait. Cela est causé par des décharges d’adrénaline provoquées par la nicotine. Les effets sont proportionnels à la consommation.
En conséquence, et en toute logique, une femme allaitante fumeuse connaît une plus grande disposition à souffrir d’engorgement. Pour mieux comprendre le mécanisme, je vous invite à consulter mon dernier article : « Engorgement : Les 7 meilleures astuces pour y remédier »
Enfin, petite une petite info, la nicotine donne un goût au lait, ce dont les bébés ne raffolent pas toujours.
Effets du tabac sur votre bébé
Je ne parle ici que des effets de la nicotine. On connait malheureusement assez mal les effets des produits toxiques contenus dans la cigarette. Cependant vous pouvez imaginer avec bon sens que leurs effets ne doivent pas être « tip-top »…
La nicotine passe dans le lait, c’est une certitude
Mais les conséquences pour le bébé sont proportionnelles à la consommation de sa maman. Les effets négatifs restent faibles si la mère ne fume que quelques cigarettes par jour. Au delà de 20 cigarettes par jour, on retrouve des effets notables chez l’enfant. Cela ne veut pas dire qu’en dessous de cette consommation il n’y a pas d’effet. Simplement ils n’ont pas pu être observés.
Ce qui est fondamental à savoir, c’est que le taux de nicotine dans le lait est dix fois plus élevé lorsque le mère a fumé juste avant la tétée.
Consommée dans le lait lorsque la mère fume beaucoup, elle provoque une irritabilité, des troubles digestifs (nausées, vomissements, douleurs abdominales…), des troubles cardio-vasculaires (pression sanguine, rythme cardiaque).
De plus, le bébé est également dans une situation de tabagisme passif. Lors que sa mère fume ce sont ses mains, ses cheveux, ses vêtements, l’air qu’elle expire qui sont chargés de particules issues de fumée de cigarette.
Cet environnement le prédispose de façon plus importante à des problèmes respiratoires, digestifs, des coliques, un risque plus élevé de mort subite du nourrisson, une agitation et une croissance moins optimale.
Toute mère fumeuse qui lit ces lignes serait immédiatement tentée de dire: « Puisque je fume, je n’allaiterai pas mon bébé au risque de lui causer tous ces problèmes ».
C’est là que vous vous trompez mamans fumeuses. Ce qui vient après est TRES IMPORTANT!
Rapport bénéfices/risques ou la théorie du « moins pire »
Loin de moi l’envie de remettre en question votre statut de fumeuse. Je ne suis pas là pour vous juger, ni pour vous rajouter de la culpabilité inutile et stérile.
Je suis certaine que chaque maman fait de son mieux, et surtout ce qu’elle peut avec son histoire, sa situation personnelle etc.
Si on met tout dans la balance, l’allaitement maternel, malgré le tabagisme de la mère, reste supérieur en bénéfices par rapports aux risques liés au tabac.
En effet, les différentes études ont montré qu’un enfant allaité vivant dans un milieu tabagique avait 7 fois moins de risques de développer des affections respiratoires.
De plus, même si les coliques du nouveau-né augmentent avec la consommation de la mère, un bébé allaité par sa mère en souffrirait moins qu’un bébé nourri au lait infantile.
En conséquence, malgré les effets négatifs du tabac sur la lactation et la santé du bébé, l’allaitement pendant 6 mois ou plus vient atténuer ces effets. Les dernières études s’accordent à dire qu’une maman fumeuse limiterait les méfaits de sa consommation sur son bébé en l’allaitant.
Bien sûr, certaines précautions restent ESSENTIELLES pour limiter les méfaits, lisez bien la suite!
C’est bien tout ça, mais concrètement je fais quoi?
Bien sûr, on ne le dira jamais assez, l’idéal c’est d’arrêter de fumer. A minima, de diminuer sa consommation puisqu’on sait que les méfaits sont proportionnels aux cigarettes fumées.
Si vous fumez, ne renoncez pas à l’allaitement pour ce seul motif. Au contraire! Si vous avez envie d’allaiter, allaitez!
Mieux vaut fumer moins (mais fumer quand même) et allaiter plutôt que de ne pas allaiter. Vous connaissez maintenant les raisons.
Cela ne vous dispense pas pour autant d’essayer de diminuer les risques en agissant sur le tabagisme passif.
N’oubliez donc pas les bonnes pratiques et le bon sens!
- Fumez en l’absence de bébé, en extérieur.
- Utilisez un vêtement qui ne sert qu’à cette occasion. Vous le retirerez ensuite lorsque vous rentrerez chez vous. Ainsi le plus gros des particules nocives ne se déposent pas directement sur vos vêtements. Bébé sera donc moins en contact avec.
- Lavez-vous les mains après chaque cigarette. (Même principe que le vêtement)
Pour les mamans allaitantes et fumeuses:
- Mieux vaut fumer après la tétée plutôt qu’avant. Il faut essayer si possible d’attendre 2 heures avant la tétée suivante. Parfois ce n’est pas possible faites au mieux…
Il n’est jamais trop tard pour bien faire, donc si vous n’avez pas pu vous passez du tabac durant votre grossesse, rien n’est perdu. Pourquoi ne pas réessayer ? Il existe des sages femmes spécialisées en tabacologie et qui peuvent vous aider.
L’allaitement, peut aussi être une nouvelle motivation. Certaines mamans se surprennent à ne pas fumer pendant plusieurs mois et finissent par se prouver qu’elle sont capables d’arrêter définitivement…
Vous pouvez aussi utiliser des produits de substitution avec lesquels l’absorption de nicotine sera moindre. Vous éviterez déjà à votre bébé l’exposition aux autres toxiques contenus dans la cigarette ce qui n’est pas rien !
Certaines marques de cigarette contiennent moins de nicotine que d’autres. Le choix de la marque peut aussi être une piste à étudier si vous n’arrivez pas à arrêter de fumer.
Aussi, il faut savoir (et je l’ai appris récemment) que certains légumes contiennent de la nicotine. Si vous êtes fumeuse mieux vaut les éviter, sans pour autant les bannir. Il s’agit des aubergines, des tomates vertes et du chou fleur. Curieux hein?!
Ma vision, mon opinion sur le tabac pendant l’allaitement
En conclusion, il ne faut pas négliger les effets du tabac sur le bébé (allaité ou non).
Cependant, il est important pour les mamans et futures mamans de savoir que tabac et allaitement maternel sont compatibles même si c’est toujours mieux de ne pas fumer. .
Néanmois, il vaut mieux fumer et allaiter que fumer et donner du lait infantile en poudre. Les bienfaits de l’allaitement maternel sont supérieurs aux méfaits du tabagisme maternel. Mieux ! l’allaitement maternel en atténue les effets néfastes.
On ne répètera jamais assez que l’idéal est d’arrêter, vous le savez chères mamans.
Mais comme je le dit souvent, chacun fait ce qu’il peut et surtout chacun fait de son mieux. Alors si vous parvenez déjà à diminuer votre consommation vous pouvez être très fière de vous.
Soyez certaine qu’allaiter votre enfant sera toujours meilleur même si vous fumez. Inutile donc de culpabiliser si vous n’avez pas atteint votre objectif de sevrage tabagique.
Soyez fière du petit être qui grandit à vos côtés, fière de le nourrir et de lui offrir ce que vous avez de meilleur à lui offrir… Ici et maintenant.
Et surtout, soyez confiantes, vous êtes compétentes !
Avec toute ma bienveillance,
Fanny Bellaray
2 commentaires
Madame,
Plus de 4000 substances toxiques, la cigarette c’est mauvais, point. Sachant que la plupart de ces substances passent dans le lait maternel, le bébé sera irrémédiablement affecté dans son développement physique et mental. Des conséquences sur sa santé pourront également survenir par la suite durant toute sa vie…
Vous êtes sur une pente glissante avec cet article… C’est bien gentil de vouloir déculpabiliser les mamans qui fument. Sauf qu’en abordant le sujet de cette façon, plutôt que d’encourager les mamans à tenir bon, vous tendez la perche aux indécises pour empoisonner en bonne conscience leur enfant.
Merci pour ce message, je l’attendais j’avoue
Navrée de vous avoir tant heurté avec mon propos, si vous relisiez cet article à froid vous constateriez que je ne fais ABSOLUMENT PAS l’apologie du tabac ni avant, ni pendant ni après la grossesse ou l’allaitement. Fumer c’est mauvais on est TOUS d’accord.
Mon propos porte sur l’intérêt d’envisager l’allaitement maternel en toute circonstance si c’est l’envie de la maman, qu’elle soit fumeuse ou non. Que son intérêt est réel même si la maman n’a pas su arrêter.
Votre vision sur ce sujet de la santé publique m’apparaît très binaire , tout blanc ou tout noir, mais malheureusement ce serait faire l’autruche et ignorer les autres mamans qui essayent, ont essayé et n’y arrivent pas ou rechutent. Oui il faut tenir bon, bien sur… Mais comme je l’écris chacun fait ce qu’il peut. Avec son histoire, son environnement social, familial, culturel, sa psychologie …
Alors que dire aux mamans qui n’y arrivent pas? Les laisser sur le bas côté avec leur culpabilité? Leur dire désolée, c’est de votre faute, et débrouillez vous? Ce n’est pas ma façon d’aborder les sujets de santé publique et c’est un parti pris : le mien. Quand j’écris, je m’engage et je me confronte à d’autres avis… comme le votre que je respecte.
Peut être pourriez-vous alors écrire votre propre article, sur le sujet afin de partager votre point de vue.
Concernant ces mamans à qui je tendrais la perche pour « empoisonner en bonne conscience » je pense que jamais une maman fumeuse n’a « bonne conscience » de continuer à fumer. Peut-être a-t-elle fait le même effort qu’une autre qui aurait réussit à arrêter, qu’en savons-nous ? Ne mérite-t-elle pas notre considération et nos soins? N’a-t-elle pas pour autant le droit de vouloir quand même le meilleur pour son bébé en cherchant les meilleures solutions et choix possibles via d’autres thèmes comme l’alimentation, le sommeil, les soins d’hygiène, l’éducation de son enfant?
Pour ma part, Je me garderai de juger et continuerai de m’adresser à toutes les mamans. Les non- fumeuses, les ex fumeuses (bravo à elles) , et les fumeuses. Je continue de croire au fait que toutes les mamans veulent le meilleur pour leur enfant, mais le « meilleur » des uns n’est jamais le « meilleur » des autres et en tant que professionnel de santé il faut composer avec et s’adapter POUR LE MIEUX même si parfois le MIEUX c’est le MOINS PIRE.
Avec toute ma considération
Cordialement
Fanny